Antoine et Cléopâtre

«Dans quel monde vivrions-nous aujourd’hui si Antoine et Cléopâtre avaient gagné la bataille d’Actium?», s’interroge Célie Pauthe en revisitant la grande tragédie historique de Shakespeare. Si Shakespeare n’occulte rien de la dimension dionysiaque, narcissique et chaotique des deux amants, il leur confie en effet, à l’aube du premier millénaire de notre ère, un rêve fou: celui d’avoir tenté – intuition sensuelle autant que politique! – d’embrasser dans leur amour démesuré deux mondes que tout opposait.
Contre l’hégémonie unilatérale de Rome, contre l’ordre froid et mesuré qu’Octave, futur empereur Auguste, finira par imposer, ils brandiront jusqu’au bout leurs «débordements somptueux»: métissant Orient et Occident, dieux, cultures et dynasties. Sur scène, «le chaos épique et lyrique shakespearien» reprend vie.
Une troupe nombreuse, des chansons de Mohammed Abdel Wahab, des poèmes de Constantin Cavafy, un rêve festif et mélancolique pour un monde à réinventer, en s’inspirant des propos de Walter Benjamin: «Le passé est un temps discontinu criblé d’éclats d’avenir.»